Avec
Didier en
G.O.,
Éric,
May,
Stéphane,
Martial.
Départ à 22h de Masevaux, et balade au fil des sentiers
caillouteux des Vosges, mené par un guide et un copilote
hors-pair. De lacs en lacs du Haut-Rhin, avec pour moi un
rôle de lanceur de cailloux (puisqu’on ne les verra psa
tous dans la nuit).
Véronique (Mme DidierP) et Fanny (Mme Hikaru) nous
emmène au départ de notre périple, à Masevaux.
Première côte, mise en jambe tranquille,
et rassurante pour moi. Juste au moment de partir, Je me
suis tout de même demandé ce qu’il m’avait pris
de répondre présent à cet
off, vu les pointures
intéressées. Enfin donc, Eric par tranquillement, et
c’est tant mieux ! Et bientôt un premier lac
(Lachtelweiher) que l’on
distingue
à peine, vive les
cailloux. Ça continue de grimper un peu, toujours doucement.
La descente suit puis une nouvelle montée avant la première
explication pour les gros descendeurs, Didier part en trombe,
suivi par Eric et Martial (Martial ? Eh oui, il prépare sa
Transe
Gaule en faisant du pas vraiment spécifique,
ce qui ne l’empêche pas d’aller très
vite…). J’essaie de suivre mais je suis largué,
je me prends un bonne gamelle sur un poignet à la reception
sur les cailloux, sans trop de mal, ouf. Nous arrivons à Sewen
ou nous rallions notre 2e lac (du même nom) et où l’on
croise quelques cascades certainement très jolies par temps
clair. Ah oui, il a plu toute la semaine ici, l’eau
ruisselle de tous les côtés, mais nous n’aurons pas de
pluie pendant cette sortie, c’est plutôt sympa. Là, je
prends un peu la tête en emmène le petit groupe, c’est
toujours tout droit, et quand on hésite, il faut prendre le
chemin qui monte, pas dur ! Suivent les lac Alfed et
Neuweiher (le Petit et le Grand) et on arrive enfin au lac des
Perches, lieu du premier gros ravito, avec déjà un bon quart
d’heure de retard sur l’équipée de l’année
dernière. 2h15 du matin, du saucisson, du pain d’épices
font du bien, mais nous ne nous attarderons pas car le vent
souffle et l’air est très frais.
C’est
reparti pour une succession de montées descentes pas très
sèches, mais très granitiques, les appuis sont fort sollicités
et la nuit n’aidant pas, ma vitesse s’en ressent.
Arrive enfin une grande descente qui permet au paysage
de se dégager, en arrivant sur Saint Amarin. Là, 2e
ravito assis, il est 5h du matin, je suis à sec d’eau à
l’instant même. Nous croisons nos premiers randonneurs
de la journée, en train de se préparer au sortir de leur
voiture, lorsque Stéphane à une superbe réflexion, en nous
disant : « pff, et ils pensent qu’ils partent
tôt », réflexion qui nous amuse grandement.
Le redémarrage est un peu lent, grande
montée, et les yeux qui fourmillent quelque peu lorsque je
regarde le ciel, alors je regarde le plus sombre, le chemin.
J’ai mes deux coups de mou coup sur coup, à une heure
d’intervalle à ce moment là. Pas vraiment de déboires
musculaires, mais plutôt deux gros coups de fatigue générale,
due à l’effort mais surtout au manque de sommeil.
Bientôt (euh… vers 7h) nous arrivons à l’auberge
du Haag, à 500 m
du Grand Ballon, que nous ne distinguons même pas à
cause
du brouillard.
Une descente et nous arrivons sur
le lac du Ballon. Là, Didier commence à s’impatienter
un peu, il nous faut être avant 10h à la ferme-auberge Huss,
et même à 9h pour suivre le plan de marche prévu et il nous
reste encore un bon bout de chemin. Alors on ne se pose pas
trop, on pourra se reposer à l’auberge. S’en suit
un chemin forestier qui suit les vallons, en légère descente
mais qui m’impose un rythme cardiaque élevé. Je
n’ai pas de cardio, heureusement. Une heure de ce
sentier nous aura bien cuit. On passe le lac de la Lauch.
Ensuite, une petite montée pour finir en descente sur
l’auberge… nous sommes sauvés. Eric encourage
la troupe, allez dans dix minutes, nous sommes arrivés, mais
ça dure. Nous sortons de la forêt pour nous retrouver dans
le vent et le brouillard, et l’auberge n’arrive
pas. 10h, est-ce le glas pour nous ? May veut arrêter à
l’auberge, Stéphane s’est fait mal à une cheville
et à raviver une tendinite vieille d’une semaine, nous
ne sommes pas tous au mieux.
10h15, Huss. Arrivée à la ferme,
ouf, les filles (Véronique et Fanny) nous attendent depuis
une bonne heure, et ont empêché la patronne de débarrasser
la table. On se précipite, commandons chocolat
au lait (de la vache d’à côté), fromage, confiture de
myrtille, etc. Un festin, je prends trois chocolats au lait,
c’est trop bon pour m’en priver, tant pis si ça
ne passe pas bien pour la suite. La patronne qui tient l’auberge
sait rigoler, elle nous dit que nous avons un temps superbe
pour randonner, quand on lui répond qu’il y a tout de
même un sacré brouillard, elle nous répond :
« Oh ça se voit que vous n’y connaissez rien
à la montagne, il ne pleut pas et le brouillard n’est
même pas épais ». Cette réflexion nous laisse sans
voix, c’est vrai que Stéphane le Chamoniard, Eric et
Didier ne connaissent pas la montagne, mais de là à dire
que le brouillard n’est même pas épais, il y a une marge !
Encore une bonne rigolade !
Enfin, après une heure de festin,
il est temps de repartir. Stéphane arrête là et repart avec
les filles et Martial, qui lui avait prévu dès le départ une sortie
courte (sic !) ; May s’est refait une santé avec ce petit
déjeuner, et décide de continuer. Dans ma tête, terminer
au col de la Schlucht (comme Eric et Didier l’année
passée) serait déjà pas mal.
Nous repartons doucement,
dans le brouillard. Mais celui-ci se lève peu à peu, nous
permettant d’apercevoir quelques monts. Je ne peux pas
m’empêcher d’aller gravir le Rothenbachkopf,
et hop, 20 m de dénivelé de plus dans mon escarcelle !
Ensuite, grosse descente, un peu technique (pas mal de
cailloux glissants) mais pas trop, je me lâche. Je parviens
même à rester un peu avec Eric et Didier lorsque le sentier
devient très roulant, mais il faut vraiment relancer très
fort à chaque lacet. Ouch, c’est bon ! Nous croisons
le lac Altenweiher, puis remontons.
Attention,
montée technique. Ouille-ouille-ouille. Quand Didier dis
ça, il y a de quoi se méfier. En effet, les cailloux sont
transformés en rochers, c’est de l’escalade
sur terrain glissant. L’eau ruisselle encore de
partout, cette montée est longue et laborieuse. Une pause
« barres à la spiruline » en haut nous
requinque, la descente est plus douce.
Nous arrivons
au lac de Fishboedle. Là nous gravissons une petite pente
(très pentue) pour nous retrouver de l’autre côté,
au lac de Schiessrothried. Pour regagner le prochain
point de contrôle (le col de la Schlucht), il nous suffit de
remonter vers le Hohneck. Le chemin qui suit en très roulant,
j’en profite même pour courir un peu entre deux lacets,
la montée est très agréable, parcemées de randonneurs, ce
qui m’alimente un peu en carburant mental. En haut de ce passage, il
faut faire un choix. May passe par un moment difficile, je
préfère éviter un passage jugé de prime abord de vertigineux
par Didier — qui, en bon G.O. qui se respecte,
le requalifiera d’à peine aérien un peu plus tard,
lorsque je lui aurais annoncé mon vertige assez virulent…
sacrés montagnards ! —. Le tout réuni, et de
l’avis d’Eric également, nous décidons de rentrer
au plus court, au plus sûr (pour moi) par le GR5 directement
au col de la Schlucht, via le Hohneck, dernier mont de la
balade. Dans le final, May redécolle, et j’ai du mal à
la suivre, je teste le grand secret, le final se passe donc
assez rapidement, puisque nous courons ! Nous arrivons au
col à 17h, après 19h de crapahute, dans un état assez frais
pour commander un
sérieux qui nous fait du bien.
Véronique, prévenue un peu avant notre arrivée,
nous rejoint pour un dernier trajet en voiture, le retour
au bercail.
C’est ce passage que j’ai le
plus mal vécu… voiture+route des crêtes+bière+estomac
pas forcément en forme me font craindre le pire, mais
heureusement, l’autoroute et ses lignes droites
arrivent à temps, ouf.
Après une bonne douche, le repas du soir
(escargots, riz accompagné de vin et de formage du coin et pour
finir une tarte à la rhubarbe, miam) nous
remet tous les niveaux à bloc, idéal pour une bonne nuit
de repos, bien méritée.
Merci Véronique et Didier,
pour votre accueil chaleureux, Eric pour les conseils (mais
pas pour tes talents d’informaticien !), Stéphane
et Martial pour les photos, et May pour cette présence
féminine !
Je suis impressionné par les qualités
d’orienteur de Didier, qui ne nous aura pas perdu une
seule fois, et aussi bien sûr à ses qualités de descendeur,
mais ça j’en avais déjà entendu parler (cf.
Ultrafondus
magazine no 34), ainsi que celles de montagnard
complet d’Eric, mais les 24h30 de l’
UTMB 2006
ne sont pas là par hasard.
En bilan :
19h pour 82 bornes et 4000m+, moyenne incroyable, mais
dans ces sentiers… ouch-aille. Deux ampoules (Les
Lafuma se sont bien comportées, pour une seule sortie de
12 km auparavant) dont une qui a pété en route donc
impecc, mais l’autre a résisté et m’a fait bien
mal jusqu’au lendemain ; une pause dans une
ferme-auberge : purée c’était trop bon ;
j’ai travaillé à fond la proprioception ; il faut
que je mette des piles neuves au dernier sac à Champex pour ma
frontale ; une seule gamelle ; 18h59' de plaisir,
je me suis dit à un moment « mais qu’est-ce
que je fais là » dans la nuit en plein brouillard
sur les mono-traces remplis de cailloux glissants, avec les
4 fous loin
devant ; j’arpente le chemin du grand secret.